Fermeture du musée le mercredi 1er mai ; il sera ouvert les 8 et 9 mai 10h-18h
La collection d’horlogerie
A la recherche du Temps et de l’Espace : du XIIIe au XXe siècle
La collection de montres et d’horloges du musée des Arts Précieux Paul-Dupuy est connue des amateurs du monde entier. Elle est riche de pièces dues aux plus grands artisans de l’histoire horlogère. Son étendue géographique et chronologique, du XIIIe au XXe siècle, permet de raconter l’histoire de l’horlogerie européenne des origines à nos jours.
Lire la grande horloge de la Nature
Divers instruments de mesure du temps ont été utilisés depuis l’Antiquité : cadrans solaires (de poche ou monumentaux), sabliers, bougies graduées, horloges à eau ou à huile.
L’heure des champs
Alors même que l’horlogerie de précision apparaît au XVIIe siècle, ces dispositifs anciens de « découpage » du temps restent d’un usage courant jusqu’à la fin du XIXe siècle. La grande majorité de la population n’a alors pas accès aux très modernes et très coûteux appareils qui marquent les secondes. Dans leur vie courante ou professionnelle, la plupart des gens ne ressentent d’ailleurs pas la nécessité de connaître l’heure au quart d’heure près.
Les astrolabes
L’astrolabe est une invention arabe du VIIIe siècle après Jésus-Christ. Il repose sur des principes scientifiques déjà formulés par les Grecs au IIe siècle avant Jésus-Christ. Les premiers astrolabes arrivent en Europe à la fin du Xe siècle, via l’Espagne musulmane (Al-Andalus). La France en produit à partir du XVe siècle, seulement.
Dans la navigation maritime toujours, l’astrolabe est un instrument précieux. Il est utilisé également en astronomie et en astrologie. Il permet de calculer la hauteur d’un corps céleste (le soleil ou une étoile) par rapport à l’horizon. Ainsi, quand on connait l’heure du lieu, on peut déduire la latitude de la hauteur de l’astre. Et quand on connaît la latitude du lieu, on peut en déduire l’heure.
Horlogerie du XVIe siècle : compter les heures
L’horloge, symbole du pouvoir dans l’Europe de la Renaissance
Au XVIe siècle, les productions horlogères constituent le sommet de la complexité technologique. Seuls les puissants personnages ont le privilège de posséder une horloge ou une montre. C’est pour cette raison que les premiers centres horlogers se développent au plus près de cette riche clientèle, dans les plus grandes cités et dans les cours princières.
En Europe, la première corporation d’horlogers se structure à Paris. Leurs statuts furent promulgués en 1544. La suprématie de l’horlogerie parisienne se maintient ensuite jusqu’au XIXe siècle. A Blois, dès le règne d’Henri II (1547-1559), la présence de la cour royale entraîne l’essor d’un centre horloger. Il se transforme en corporation en 1597 et reste très actif tout au long du XVIIe siècle.
Horlogerie du XVIIe siècle : compter les minutes
Quand l’horloge devient pendule
Jusqu’au milieu du XVIIe siècle, l’échappement de la force motrice des horloges est régulé par un balancier à foliot. Son va-et-vient irrégulier entraîne des imprécisions pouvant aller jusqu’à plus d’une heure par jour. Pour améliorer la précision des horloges, il convenait donc de trouver un système de balancier ayant une période (temps d’aller-retour) stable, assurant une marche régulière au mouvement.
Le pendule de la pendule
Le mathématicien, astronome et physicien hollandais, Christian Huygens (1629-1695) met en pratique avec succès le pendule. Dès lors, la précision de marche est suffisante pour que l’on ajoute une deuxième aiguille, celle des minutes, au cadran. Les horloges deviennent alors des « pendules » !
Sur terre, comme sur mer, l’horlogerie de précision au Siècle des Lumières
Compter les secondes
Malgré l’invention du pendule et du spirale au XVIIe siècle, la recherche d’une plus grande précision horlogère occupe tout le XVIIIe siècle.
Les pendules de haute précision, ou régulateurs, sont de plus en plus performantes sur le temps long. Toutes indiquent désormais les secondes. Durant tout le siècle, elles font la réputation d’horlogers comme Julien et Pierre Le Roy, Ferdinand Berthoud, Louis Amant, Jean-André Le Paute, Robert Robin ou bien encore Antide Janvier.
Par ailleurs, concevoir des appareils très fiables est un enjeu fondamental pour la marine. En effet, le calcul de la longitude, et donc la détermination de la position des bateaux au cours de la navigation, requiert de connaître l’heure solaire précise au méridien de départ, par exemple.
Vers l’industrialisation des pendules et des montres
Compter les dixièmes de seconde
De la pendule de salon…
À partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, les horloges de salon sont équipées de petits mouvements ronds en laiton. Ils permettent d’adapter leur taille à celle des appartements bourgeois, plus petits et plus intimistes qu’auparavant. Dans un premier temps, ces mouvements furent produits à Paris. Ainsi, ils reçoivent l’appellation générique de « pendules de Paris ».
À partir de 1810, face à l’accroissement de la demande, les horlogers utilisent des rouages produits en série, « les blancs roulants ». Ces pièces « pré-fabriquées » proviennent principalement de deux centres industriels : l’un en Normandie, autour de Saint-Nicolas-d’Aliermont (entreprises Couaillet, Pons, etc.), et l’autre en pays de Montbéliard (Japy, Marti, Vincenti, etc.). Les horlogers reçoivent les pièces directement à leur atelier, les finissent, les assemblent et les règlent.
Enfin, après la Première Guerre Mondiale, les mouvements sont entièrement fabriqués en usine. Ensuite, ils sont livrés prêts à être montés dans leur boîte. Le même principe est également appliqué aux montres.
…aux chronomètres de laboratoire
Parallèlement à cette industrialisation de l’horlogerie domestique, les fabricants de chronomètres (Faverger, Breguet, Robert, Lecoultre, Moinet, etc.) poursuivent la quête d’une précision toujours plus grande. D’abord poussés par la demande des navigateurs et des astronomes, les chronométriers sont désormais stimulés par les besoins du monde des sciences (physique et chimie notamment). La mesure du temps court (dixièmes de seconde) devient alors essentielle à l’expérimentation en laboratoire.
L’heure publique, toujours un train d’avance !
Compter le milliardième de seconde
C’est à la fin du XVIIIe siècle que la plupart des villes d’Europe abandonne les heures saisonnières. Elles sont remplacées par le « temps solaire moyen », c’est-à-dire d’une journée de 24 heures. Sa durée ne dépend plus des saisons. Néanmoins, l’heure officielle reste indexée sur la course du soleil. Midi ne tombe donc toujours pas au même moment suivant que l’on est à Strasbourg ou à Toulouse !
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’essor du chemin de fer impose peu à peu d’avoir une heure de référence. Elle varie néanmoins d’une compagnie de chemin de fer à une autre. Ce n’est qu’en 1891 que l’État impose l’heure de Paris comme unique référence sur l ‘ensemble du territoire national.
Toujours dans la seconde moitié du XIXe siècle, le développement de l’électricité permet aux horlogers de pousser plus loin encore leur recherche de précision. Les horloges électromagnétiques de la maison Brillié sont précises au 1/10e de seconde et fonctionnent en réseau.
Vers l’heure atomique
Vers 1930, la plupart des observatoires astronomiques s’équipent de la dernière invention de Léon Leroy. Il s’agit d’un garde-temps à pression constante. Sa précision de marche sur 24 heures atteint le 1/100e de seconde. La transmission de l’heure, à l’observatoire de Paris, et aux horloges publiques de la ville, se fait par onde radio (TSF).
Dans les années 50, les horloges à quartz, précises au 1/32 000e de seconde environ détrônent définitivement les horloges mécaniques, et l’observation des astres, dans l’élaboration de l’heure publique.
En 1955, la première horloge atomique au césium est construite en Angleterre. Elle est précise au 9 millionième de seconde environ. En 1967, le Bureau International des Poids et Mesures institue le Temps Atomique Universel. Établi à partir de 500 horloges atomiques réparties dans le monde entier, il est encore aujourd’hui l’étalon scientifique mondial de mesure du temps.